A un ami assassiné
Du haut de la falaise
Je contemple la mer
Et cette terre oranaise
Que balaient les airs
La mer s’indiffère
Aux troubles des hommes
A la paix, à la guerre
A leurs vies, en somme
Pourtant la mer m’a dit :
« Ici naquit un prince
Dont le nom fût béni
De toute la province
Tels ceux du désert
Au cœur généreux
Nobles et fiers
Humbles devant Dieu
Son cœur était grand
Son âme était belle
Il avait dans son sang
La noblesse naturelle »
Mais des lâches sont venus
Commettre un acte immonde
Froidement ils ont abattu,
Éteint cette lumière du monde
Alors les vagues se recueillent
Avec ces milliers qui pleurent
En suivant son cercueil
A sa dernière demeure
J’ai été sur sa tombe
Aux deux pierres dressées
Et que protège l’ombre
D’un jeune figuier
Là, devant sa sépulture
J’avais le cœur douloureux
Mais malgré ma blessure
Je le savais enfin heureux
Je regarde la mer
Du haut de la falaise
Mon ami, mon frère
Mais les vagues se taisent
Et les vagues se brisent
Sur un rocher défunt
Veux-tu que je te dise ?
Comme lui, il n’y en eu qu’un
Je contemple la mer
Et la mer me dit :
« Ne pleure plus ton frère,
Mais écoute le vent d’ici !
Car le nom de cet homme
Est porté par le vent
Et par le cœur des hommes
De cette terre d’Oran
Son nom raisonne
Encore dans les collines
Ce fût une belle personne
Qui s’appelait Badr-Eddine »
Charles-Henry Moser
Août 2018