Le veuf
Tu verrais notre poirier
Combien il a grandi
Tu venais de le planter
Lorsque tu es partie
Le jardin est en fleurs
Je m’en occupe maintenant
Cela me prend des heures
Mais cela passe le temps
La maison a bel aspect
Tu serais fière de moi
J’ai repeint les volets
Et rangé le tas de bois
Elle est si vide sans toi
Elle hurle dans le silence
Le timbre de ta voix
Les traces de ta présence
Une ceinture dans l’armoire
Une photo de nous deux
Ton parfum devant le miroir
Tu vois,… il en faut si peu !
Sarah est passée hier soir
Elle m’a encore parlé de toi
Elle vient souvent me voir
Je crois qu’elle a besoin de ça
Elle me raconte les histoires
De quand j’te connaissais pas
Moi j’écoute ces histoires
Comme pour la première fois
Cela me fait du bien
D’écouter en silence
Tous ces petits riens
Qui font une existence
J’ai gardé sur mon répondeur
Le dernier message de toi
Me disant : « A tout à l’heure !»
Mais tu ne seras jamais là
J’ai gardé sur mon répondeur
Ce dernier message de toi
Pour écouter la douceur
Du son de ta voix
Mais déjà tombe le soir
Je vais rentrer à la maison
Te laisser seule dans ce noir
Je dois m’en faire une raison
Je me coucherai dans ce lit froid
Pour une autre nuit sans sommeil
Mais je te sens si près de moi
Qui me rassure et qui veille
Je reviendrai la semaine prochaine
T’amener des fleurs dans ce cimetière
Ce seront peut-être même les tiennes
Ces roses trémières que tu préfères
Je reviendrai toutes les semaines
Même si je deviens centenaire
Jusqu’à ce qu’à mon tour je vienne
A tes côtés dormir sous cette pierre
Charles-Henry Moser
Septembre 2020